Une politique menée par des idées fausses
Le programme d’aide sociale n’échappe pas aux mesures d’austérité du gouvernement. Encore une fois, des personnes qui vivent de multiples précarités vont voir leur situation s’aggraver. Mais la série de modifications proposées récemment est d’autant plus inacceptable qu’elle se fonde sur des idées fausses et qu’elle répand des préjugés, beaucoup plus qu’elle ne s’attaque aux « vraies affaires ». De l’avis même de la Commission des Droits de la Personne, ces mesures « contribuent à l’exclusion des personnes visées sur la base de leur condition sociale, un motif interdit de discrimination ». Voyons cela de plus près.
Les modifications prévoient de prendre en compte la valeur des biens immobiliers dans le calcul de l’aide sociale et d’imposer une présence minimale de 15 jours par mois au Québec. Selon le ministre lui-même, ces deux mesures ne vont concerner que 400 personnes, alors qu’il y a près de 400 000 bénéficiaires de l’aide de dernier recours au Québec (soit 1 pour 1000 !).
Rappelons les vraies affaires : avec un chèque de 616$ par mois, une personne seule à l’aide sociale vit avec moins de la moitié du nécessaire vital pour couvrir les besoins de base. L’aide sociale c’est tout le contraire des villas de luxe et des vacances en Floride. Avec de telles mesures, on risque fort de fragiliser encore davantage la situation déjà précaire des personnes. Et par la même occasion, on fait croire à l’ensemble des Québécoises et Québécois que vivre de l’aide sociale, ce serait confortable.
Parmi les autres annonces, le gouvernement souhaite resserrer la vis concernant des prestataires de l’aide sociale qui ne déclareraient pas leurs revenus de travail. La fraude à l’aide sociale est-elle si répandue que cela ? Encore une fois, rappelons les vrais chiffres : seulement 3% de l’aide sociale sont versés « en trop » aux prestataires. Selon le ministère lui-même, si on enlève les erreurs de bonne foi, le taux de fraude réelle à l’aide sociale s’élève à un mince 0,8%. On est très loin d’une fraude généralisée ! Et regardons de plus près cette question des revenus de travail. Aujourd’hui, au-delà de 200$ de revenu de travail par mois, chaque dollar gagné est un dollar en moins sur le chèque d’aide sociale. Au-delà de ce montant, les personnes travaillent, mais cela ne leur apporte pas de revenu supplémentaire. Plutôt que de laisser entendre que les prestataires de l’aide sociale fraudent et ne veulent pas travailler, cessons d’abord de pénaliser le retour au travail !
Les chiffres montrent que plus on soutient les personnes, plus elles se sortent de l’aide sociale. C’est le cas notamment des familles qui ont été plus aidées les dernières années. Il est urgent de changer de politique, il faut arrêter de pénaliser et soutenir davantage et, en tout premier lieu, augmenter les revenus des ménages les plus pauvres. Vous souhaitez vous aussi agir ? Procurez-vous gratuitement notre petit Manuel contre les idées fausses sur la pauvreté. Et pourquoi n’iriez-vous pas le remettre en main propre à votre député ?
Pour en savoir plus, consultez :
- Le communiqué de presse diffusé par les groupes de défense des droits de Montréal : Communique de presse du 27 janvier 2015
- Le communiqué de presse du ministère : Aide financière de dernier recours
- Un article paru dans le journal métro.
- Une émission diffusée sur la radio CIBL.